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30.03.2022

FIFF 2022: le Prix du Jury des Jeunes va à "Amira"

Lors du Festival International de Films de Fribourg (FIFF) 2022, les 7 membres du Jury des Jeunes de Comundo ont attribué leur prix au film « Amira » du réalisateur égyptien Mohamed Diab. Un choix évident à l’unanimité du Jury, pour un film qui fait polémique dans le monde arabe. Et ont tenu à récompenser d’une Mention spéciale celui qui sera le grand vainqueur de ce 36ème FIFF, également lauréat du Prix du Jury et du Prix de la Critique : le film ukrainien de Maryna Er Gorbach, « Klondike ».

Après cinq heures de délibérations, le Jury a souhaité décerner son prix au film qui a le plus touché l’unanimité de ses membres. Les co-président·es Justin Gachet, 19 ans, et Violette Marbacher, 25 ans, ont justifié ainsi le choix d’Amira lors de la cérémonie officielle de clôture : « Pour la qualité de sa mise en scène, pour la force avec laquelle ce film traite de la question du chamboulement identitaire dans un monde en conflit permanent, et pour son regard émouvant sur la détermination des femmes face à l’adversité ». Un Jury qui s’est aussi montré surpris par la polémique autour du film.

S'il a été primé en 2021 d’une Mention spéciale du Jury au Festival du Film de Carthage, triple lauréat au Festival MedFilm de Rome (dont le Prix Amnesty International) et double lauréat au Festival du Film de Venise (dont le Prix Lanterne Magique), le film fait aussi polémique dans le monde arabe, la question d'Israël y étant l’objet de controverse aussi dans les milieux culturels. D’abord présenté pour les Oscars 2022, le Comité royal jordanien des films en a finalement retiré la candidature, soudain accusé de donner une fausse image de la réalité de l’incarcération dans les geôles israéliennes et d’insulter la dignité des prisonniers palestiniens, puis en a interdit la diffusion dans le pays. Le Club des prisonniers palestiniens, qui porte la voix des plus de 4500 Palestiniens détenus par Israël, a déclaré le rejeter en bloc, alors que le Hamas est allé jusqu’à taxer le film de service rendu à l’ennemi sioniste.

Le Jury n’en a pris connaissance qu’après ses délibérations, et réagissait ainsi à l’unisson : « Nous avons vu un film de cinéma, beau et bien réalisé, un personnage central très bien construit, une mère et une famille en cohésion, et des questionnements forts autour de l’acceptation de la différence. Le reste n’est pas de notre ressort... »

Le réalisateur Rob Jan Lacombe, coach du Jury des Jeunes, a quant à lui relevé que « cette année, les films présentés n’étaient pas placés sous le signe de la légèreté. Faut-il y voir un signe du temps ? Pourtant, les jeunes du Jury Comundo ne s’en sont pas laissé conter : ils ont très vite su trouver leurs marques, leur confiance réciproque, et les débats autour des films ont montré des regards déjà très aiguisés, et un grand respect de la sensibilité de l’autre. Une dynamique de groupe spontanément huilée, pour de très bonnes discussions ! »

Synopsis du film primé, « Amira » :

« Le film aborde le sujet de la vie des familles de détenus palestiniens emprisonnés par Israël, par le biais de l'histoire d'Amira, une Palestinienne de 17 ans née d'une insémination du sperme de son père emprisonné par Israël ; un moyen de contourner les barreaux auquel des dizaines de Palestiniennes ont recouru depuis des années. La jeune femme découvre, adulte, que le sperme utilisé pour sa conception était en réalité celui d'un geôlier israélien ».

Voir un extrait du film AMIRA (sur Youtube) 

Jury 2022

Jury des jeunes 2022

Le Jury des Jeunes Comundo lors du FIFF 2022, de g. à d. (Photo FIFF2022-Valentine Folly) :

  • En haut : Justin Gachet, Co-Président du Jury, Antoine Berset et Rob Jan Lacombe (coach du Jury).
  • Au milieu : Lisa Mouquin, Fanny Lamoureux et Pernette Emery
  • En bas : Violette Marbacher, Co-Présidente du Jury, et Farshad Gane.

Un prix par et pour les jeunes

Le Prix du Jury des jeunes Comundo a pour but de donner une voix à la nouvelle génération en leur donnant l’occasion de désigner un film qui touchera leur sensibilité ou mettra en avant des problématiques qu’ils rencontrent dans leur quotidien. Pour Thierry Jobin, directeur artistique du FIFF, « le prix remis par le Jury des jeunes est l’un des plus appréciés par les cinéastes. Ils nous le disent chaque année : toucher la jeunesse d’aujourd’hui avec des films provenant de cultures si diverses, d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine, est un accomplissement et un encouragement déterminants pour la suite de leurs carrières. Comundo peut se féliciter de soutenir et d’organiser cette récompense et ce jury. L’impact est double : d’abord sur les cinéastes primé-e-s, qui découvrent que leurs préoccupations a priori lointaines sont capables d’entrer en résonance avec celles des jeunes du monde entier, puis sur les juré-e-s mêmes qui s’ouvrent à de nouveaux horizons, dépassent leurs préjugés et en ressortent transformé-e-s et sensibilisé-e-s à des réalités qui leur étaient bien souvent inconnues. Parfois même, ils sont devenus artistes ou ont suivi la vocation de la coopération à travers le monde ».

La jeunesse et l'échange, deux priorités de Comundo.

Le travail avec la jeunesse est l'une des priorités de Comundo, qui s'efforce de lui développer des perspectives d'avenir en favorisant la formation et le développement professionnel. Comundo œuvre également à une sensibilisation du public en vue d’une meilleure compréhension des autres cultures et afin d’encourager la société civile à agir de manière responsable et à s’engager pour plus de justice sociale. Notre organisation est donc tout particulièrement fière de soutenir ce Jury puisqu’il fait partie d’un festival qui a ouvertement pour but de promouvoir l'échange entre toutes les cultures.

La présidente du Conseil National, Marina Carobbio Guscetti, a déclaré dans son discours d'ouverture du FIFF 2019 :
« Je suis très heureuse qu’il y ait aussi une collaboration avec Comundo, une Organisation Non Gouvernementale s’occupant du Sud du monde et qui se concrétise sous la forme du Jury des Jeunes. Il est essentiel de sensibiliser la nouvelle génération à la diversité du monde et aux problèmes que connaissent certaines régions du monde. Ce n’est qu’ainsi que nous formons des citoyens conscients, solidaires et dotés d’une vision globale.»