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14.11.2023 | Nicaragua, Climat et environnement

Le Nicarabua, c'est quoi ?

Des élèves de l’école secondaire de Gravesano ont rencontré notre coopérant Marco Ventriglia, qui leur a présenté le projet pour lequel il est actif au Nicaragua. Chronique d'une matinée de sensibilisation avec des adolescent·e·s entre curiosité et idéaux, parlant de solidarité internationale et d'histoires de vie.

 Pourquoi est-il important de mettre fin à la déforestation ?

A 8h15 du matin, dans la salle polyvalente du collège de Gravesano, c'est déjà l'effervescence. 

En ce mardi de début octobre, une activité spéciale est prévue pour les élèves de deuxième et troisième année (12-13 ans). Des personnes "de l'extérieur" viennent présenter un pays lointain et le travail d'un coopérant originaire de la région : Marco Ventriglia, actuellement en mission au Nicaragua, a en effet grandi à Bioggio et joué au football dans l'équipe locale de Gravesano-Bedano lorsqu'il était enfant. En 2016, il est parti pour la première fois en tant que coopérant Comundo et depuis, sa vie a changé à tel point qu'il a décidé d'y retourner et de s'y installer : aujourd'hui, il a une famille nicaraguayenne, vit à León et travaille à Somoto, dans le nord du pays.


 

 Activité initiale dans le préau de l'école. Photo: Comundo
Activité initiale dans le préau de l'école. Photo: Comundo

La journée débute à l'extérieur : Anna Maspoli, responsable de la sensibilisation chez Comundo, brise la glace avec une activité dynamique.

“Qui a un nom commençant par A ?” Aline, Alessio, Allison font un pas en avant.
“Qui a déjà travaillé dans un potager ?” Quelques autres s’avancent.
“Qui a déjà entendu parler du changement climatique ?” Cette fois, presque tout le monde fait un pas en avant.
“Qui a déjà entendu parler du Nicaragua ?” Silence. Tout le monde reste immobile. “Mais qu'est-ce que le Nicarabua ?”, demande soudainement l’un d’entre eux.

Anna et Marco sourient : c’est pour cela qu’ils sont ici.

Changement climatique et reforestation

Au cours des 70 dernières années, le Nicaragua a perdu 50 % de sa surface forestière. Une autre étude indique qu'entre 2011 et 2018, 1,4 million d'hectares ont été détruits :

«Imaginez une surface égale au Tessin, aux Grisons et au Valais - un tiers de la Suisse - entièrement recouverte d'arbres. Essayez maintenant d'imaginer comment le paysage et la vie dans cette région changeraient s'il n'y avait plus une seule plante. C'est l'étendue de la forêt qui a disparu au Nicaragua au cours des sept dernières années !», explique Marco lors de sa présentation.

Les causes sont multiples et les conséquences à long terme désastreuses. C'est pourquoi, en collaboration avec une organisation locale (APRODEIN, Asociación de Profesionales para el Desarrollo Integral del Nicaragua), Marco soutient des familles d'agriculteur·rice·s dans le reboisement de parcelles inutilisées. Les arbres plantés permettent non seulement de lutter contre le changement climatique mais représentent également une opportunité économique pour les producteur·rice·s. 

 Produits en bois issus du projet de reforestation au Nicaragua. Photo: Comundo
Produits en bois issus du projet de reforestation au Nicaragua. Photo: Comundo

Ce matin, Marco est venu parler aux élèves de la reforestation, de la durabilité et de l'économie circulaire : “Pourquoi pensez-vous que tant d'arbres sont abattus au Nicaragua ?”, demande Marco. “Parce que nous avons besoin d'espace pour cultiver !”, “Egalement pour construire des maisons et des routes !”, “ Parce que nous utilisons le bois pour fabriquer beaucoup de choses !”. Les réponses fusent, variées et pertinentes. Marco introduit le concept de durabilité : “ C'est tout à fait correct. Ce que nous voulons montrer, c'est que les arbres sont une ressource précieuse et que nous pouvons en tirer de nombreux produits sans avoir à déboiser des zones entières”. Il montre trois façons de transformer le bois de la reforestation mises en pratique avec des familles d'agriculteur·rice·s nicaraguayen·ne·s : produits artisanaux, biochar* et distillat de bois (ou acide pyrolégnosique). “Ce n'est qu'un exemple de la manière dont nous pouvons agir pour lutter contre le changement climatique. Mais vous pouvez vous aussi apporter votre contribution ici en Suisse, par exemple en utilisant votre vélo au lieu de votre voiture ou en mangeant moins de viande”, suggère le coopérant de Comundo.

* Qu’est-ce que le biochar? 
Il s'agit de charbon de bois obtenu par pyrolyse de matières organiques, en l'occurrence du bois. La pyrolyse est une méthode spéciale de décomposition thermochimique réalisée en l'absence d'oxygène, à l'aide d'un équipement spécial. Les molécules de la matière chauffée se divisent et on obtient un charbon de bois spécial qui a diverses utilisations, par exemple celle d'engrais naturel.   

Faire quelque chose de concret

Cette présentation s'inscrit dans le cadre d'une initiative particulière que le collège de Gravesano promeut depuis une quinzaine d'années, comme l'expliquent certain·e·s enseignant·e·s : “Au début, l’établissement soutenait quelques associations actives du Tessin”, se souvient Giovanni Benzoni, ancien directeur adjoint, “principalement sur proposition du corps enseignant”. Au fil du temps, il a été décidé d'impliquer de plus en plus les élèves afin de les rendre autonomes dans leur manière d’agir : les différentes associations peuvent se présenter via des formulaires téléchargeables en ligne mais le choix est entre les mains des élèves.  

«Le programme des classes de troisième et quatrième nous amène à beaucoup discuter de l'actualité et des défis mondiaux– explique Giovanni, professeur d’histoire et de géographie. Les élèves me le disent parfois directement : les guerres, les injustices, la crise climatique sont difficilement acceptables. Pouvoir s'engager dans un projet concret peut les aider à se sentir moins impuissant·e·s. Il est important de savoir qu'il y a déjà des personnes actives pour changer les choses et que nous, en tant que privilégié·e·s, pouvons et devons faire notre part.»

Rebecca, Beatrice et Filippo s'efforcent de surmonter leur timidité et acceptent de se faire interviewer. Photo: Comundo
Rebecca, Beatrice et Filippo s'efforcent de surmonter leur timidité et acceptent de se faire interviewer. Photo: Comundo

Toute l’école participe

“Pourquoi avez-vous choisi ce projet ?”, demandons-nous à Beatrice Pusiol, Filippo Lambertini et Rebecca Gianfreda, qui ont accepté de nous rencontrer et de représenter l'école. “Lorsqu'ils nous ont présenté cette idée, elle m'a tout de suite semblé belle. J'ai assisté aujourd'hui à la présentation de Marco et j'ai été stupéfaite de voir tous les efforts qu'il a fallu déployer pour la mettre en pratique !”, explique Rebecca. “Selon moi, il faudrait soutenir toutes les associations qui veulent aider quelqu'un”, ajoute Filippo. “L'année dernière, nous avons choisi une association qui aide les bébés prématurés et ma famille nous a bien soutenu car je suis moi aussi née prématurément, raconte Beatrice. Mais la proposition de cette année me semble également très bien”. 

“Qu'allez-vous faire pour récolter des fonds ?”, cherchons-nous à comprendre. “L'année dernière, nous, élèves de première année, avons fait une activité sportive : vous courez autour de l'école et pour chaque tour que vous faites, vous trouvez des sponsors qui versent quelque chose pour vous”, se souvient Filippo. “Certains vendaient des gâteaux, des biscuits, du pain, du jus de pomme, …”, ajoute Rebecca. “Il y a aussi eu un concert solidaire”, conclut Beatrice.

Chaque classe est libre de décider comment s'impliquer. “Les années précédentes, certains ont réalisé des petits travaux, des marchés de Noël ou encore des travaux d'intérêt général dans les communes. Si tout le monde s'y met, le résultat est considérable !”, souligne Giovanni Benzoni.

Un grand merci !

L' engagement de nos coopérant·e·s serait impossible sans votre précieux soutien.

"Pour aider à rendre la planète meilleure"
"Pour aider à rendre la planète meilleure"

Désir de planter des arbres et de préserver l'environnement 

A la fin de l'échange avec Anna et Marco, les élèves ont été invité·e·s à laisser un petit message sur la matinée (voir photo). Entre “J'ai envie de goûter la papaye”, “Il m'a donné envie de planter des arbres et de préserver l'environnement”, “Marco est sympathique et gentil. Et puis il est supporter de l’équipe de la Juve” et “Si nous n'agissons pas maintenant, nous risquons de subir des conséquences dans le futur”, il y avait de la place pour toute forme d’interprétation, entre légèreté et profondeur, si typique de cet âge.

Cette confrontation avec la solidarité internationale pourra certainement être développée au cours de l'année scolaire, durant laquelle d'autres moments d'échange avec Comundo seront organisés. Et il y a fort à parier que, d'ici le mois de juin, tout le monde sera capable de prononcer correctement le mot Nicaragua.

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De Marco Ventriglia | 14 novembre 2023 | Nicaragua

 

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Marco Ventriglia

Économiste de l'environnement

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Dans l'une des régions les plus pauvres du Nicaragua, Marco Ventriglia s'engage avec la coopérative UCANS en faveur des familles paysannes. Afin d'assurer leur alimentation, elles sont soutenues dans l’optimisation de leur production agricole ainsi que dans la commercialisation de leurs produits. En même temps, elles acquièrent des connaissances pour la protection à long terme de leurs moyens de subsistance.
 

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